lettres malgaches 24

Roivivant à Henri, le jour de Ste Mozzarella

Le printemps est tardif. Les giboulées de mars sont glaciales. On continue à s’intéresser au réchauffement climatique, mais les chaudières tournent à plein régime. La neige tombe abondamment sur les Pyrénées alors que les stations de ski ferment les unes après les autres.

J’ai trouvé sur internet un site malgache qui parle d’une opération humanitaire dont l’objectif est d’apporter un équipement autonome de production électrique dans un village. Une vidéo de 10 minutes montre que la pile électrique rechargée par une demi douzaine de cellules photovoltaïques permet à une famille d’éclairer un livre avec beaucoup plus d’efficacité qu’une flamme de lampe à huile. Ce geste symbolique, s’agissant de l’instruction d’un enfant, me permet de rappeler l’injustice de la privation énergétique des pays non développés et la nécessité d’une aide concrète.

Il y a quelques jours, lors de ma visite sur ton bateau, tu me racontais une expérience personnelle dans les environs d’Ouagadougou, il y a une quinzaine d’années : tu participais à l’installation technique de pompes hydrauliques électriques permettant aux villageois d’obtenir l’eau à domicile au lieu d’aller au puit avec des bidons et des bassines. En conclusion, tu accusais sévèrement l’association à l’origine du projet d’avoir perturbé la vie quotidienne de ces villages en abandonnant l’installation à une gestion locale désordonnée, au vandalisme et entrainant même des conséquences sociales difficiles à évaluer comme le refus des femmes de retourner au puit et des conséquences environnementales de gaspillage de l’eau acquise sans effort. Pour toi, l’Africain considère que la nature peut lui donner ce dont il a besoin et que le blanc doit lui donner les outils, sans contrepartie.

Je ne pense pas que ce schéma soit vrai aujourd’hui, car les européens savent bien qu’ils agissent de même en gaspillant la ressource essentielle de l’eau en échange d’un moindre effort. Je pense que les pays européens sont fortement responsables et impliqués dans les problèmes d’approvisionnement énergétique de certaines populations africaines et dans leurs solutions. Les méthodes d’aide et d’accompagnement ont évolué, ce que semble montrer cette vidéo et les européens ont intérêt à aider les pays tropicaux à sauvegarder les forêts primaires qu’ils grignotent peu à peu pour satisfaire leurs besoins énergétiques.

La production et la distribution d’un « kit énergétique » à base de cellules photovoltaïques capable de charger des batteries et d’alimenter des lampes, des réchauds et des moteurs électriques serait certainement utile dans les villages malgaches de pécheurs isolés du reste du monde. Ce type de solidarité est une valeur fondatrice d’un nouveau respect de la civilisation.

Comme disait Confucius sur son blog «  si tu ne veux pas qu’il te crève un œil, ne regarde pas la poutre qu’il y a dans l’œil du voisin ». A bientôt.