SURSIS

Publié le par tontonjef










SURSIS






Je ne lutterai pas contre la mort comme ce cheval couché sur le flanc, couvert de paille et d'herbe fraiche. J'abandonnerai le combat.

J'oublierai, peu à peu, les liens et les souvenirs pendant la perte de conscience. J'entrerai dans un monde de dissolution et de distance. Je dénoncerai le pacte vital qui nous unit pour disparaitre à la vue de ceux qui m'aiment.

Je resterai là, dans un fourré, une niche d'épine et de mousse, un lit humide et doux pour une dernière demeure, une échappée honteuse et lâche, au seuil infranchissable. Je ne raconterai plus l'histoire du cheval, de la poule ou du cochon ; sans regrets.

Si j'arrête un cycle avant sa fin, je suis un criminel. Cependant, je dépends des arrangements, des conclusions, des conditions énoncées par les maîtres du jeu. Je pourrai peut-être me libérer de leurs exigences et réclamer un sursis.

Le bras de fer sentimental n'est pas encore en ma faveur : j'ai fais le deuil des sentiments et piétiné le chemin des hypocrisies. J'aurai préféré rester au coin du feu dans la cheminée, à l'abri, à l'écart des conflits.

Faudra-t-il renverser nos habitudes et nos certitudes ? Oui mais pourquoi ? Sommes-nous complices de l'aggravation et de la pérennité de la misère. Oui mais pourquoi ? La pauvreté inéluctable sera-t-elle source de profit ? Oui.

Je lutterai jusqu'à la mort comme le sanglier poursuivi par les chiens, perforant l'obstacle en fermant les yeux, criblé de dettes, seul en course, ignorant les règles de l'avenir, en sursis.

 


 


Publié dans Poèmes

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D
<br /> Je ne peux pas lire ce qui est écrit sur la carte...<br /> <br /> <br />
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