lettres malgaches 51

Publié le par tontonjef







Roivivant à ObaÏ, le jour de Paris Match




En Afghanistan, les terroristes talibans défendent leur territoire, leurs croyances, leurs traditions avec une farouche détermination face aux soldats des pays les plus puissants de la planète. Le bilan de l'intervention mandatée par l'ONU et mis en œuvre par l'OTAN paraît négatif si l'on considère les pertes humaines dans les 2 camps, l'impossibilité du gouvernement afghan d'empêcher, dans le pays,  le maintient des extrémistes en position favorable au cœur d'une population soit complice, soit contrainte et enfin les problèmes d'entente entres les états dont les missions sont différentes en fonctions de leurs gouvernements et de leurs opinions publiques. La mission donnée aux soldats français par leur Président est un échec militaire et politique.

Entendant parler pour la 1ère fois de l'embuscade des talibans dans la vallée d'Uzbeen, j'ai eu l'impression de visionner à nouveau un vieux film de cowboys et d'indiens, images maintes fois répétées de la colonne à cheval des bons yankies en tenue bleu, traversant le canyon où ils sont attaqués par les méchants indiens, apaches ou sioux, en tenue à plumes, dont les signaux de fumée ont permis le rassemblement. Geronimo attaque le général G.W Busch, encercle ses troupes, les décime et repart avec les scalps. L'histoire est cruelle avec les soldats. Surtout les Canadiens qui sont descendants de ces guerres entre Indiens autochtones et envahisseurs. Ils ont, dans leur mémoire collective, ces paradigmes de luttes sauvages, ces sonorités de tambours, de trompètes et de cris, ces corps à corps barbares, ces goûts amers de victoires et de défaites.

Dans la vallée d'Uzbeen, les indiens ont battu les cowboys et aujourd'hui ils paradent à la une de Paris Match, un journal hebdomadaire qui à réalisé un reportage sur place et rapporté un scalp pour preuve de la réalité de leurs photos. La méfiance envers les tricheurs est telle qu'ils se sentent obligés de venir avec des trophées, bientôt avec des empreintes ADN, sur les lieux de communication choisis par les barbares. En bonus de leur prestation photographique historique, les talibans, en tenue traditionnelle avec leur béret marron sur la tête, annoncent que la France est devenue leur cible préférée et qu'ils viendront renforcer le tourisme étranger.

Mon cher ObaÏ, marin d'eau douce comme moi, quand nous naviguions ensemble, entre le pont Bir Hakeim et le pont de Tolbiac, nous avons souvent pensé qu'un jour, peut-être, nous serions engloutis dans ces eaux, aspirés brutalement dans les galeries du métro passant sous la Seine à Paris. Le pays qui t'a vu naitre est redevenu une menace pour la sécurité de la ville et du pays qui t'accueille. Dans ces moments difficiles, je pense à toi, à ton sourire, à tes yeux noirs, à ta joie de vivre tous les matins, à ta voix grave, accentuée, hésitante, à ton sens de la solidarité, à ton amitié. Merci l'Afghan !

Publié dans Actualité

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article