lettres malgaches 42

Publié le par tontonjef








Roivivant à son ami Stéphane, le jour de la Vierge de Lourdes




"La vingtaine d'otages sélectionnés par les barbares a été cagoulée, menottée et neutralisée par une piqure avant d'être embarquée dans une camionnette de location, destination inconnue. En réalité, les otages ont à peine eu le temps de s'endormir avant d'être déchargés comme des colis dans le sous-sol d'un immeuble proche de l'enlèvement, assis contre le mur d'une cave, les uns soutenant les autres pour la séance photo, de groupe d'abord, 21 personnes dont 9 femmes et 5 adolescents, puis individuelle. Pour cela, ils ont bénéficié de complicités dans les cités proches des quartiers attaqués, pourtant sécurisés, réservés aux cadres des multinationales implantées dans les nouvelles tours.

Deux jours plus tard, la rédaction d'un grand journal du soir reçoit une clé USB avec les photos des otages et un message des barbares, une simple demande de rançon individuelle à valeur personnalisée, à partir de 100000€ jusqu'à plusieurs dizaines de million€. Les barbares ont besoin d'argent pour s'établir dans un nouveau territoire, pour organiser leur réseau, pour déstabiliser les anciens clans endormis dans leur routine. Leur attaque soudaine crée un vent de panique dans la cité conquise et dans les tours ; de nombreuses questions circulent sans réponses : Qui sont-ils ? D'où viennent-ils ? Combien sont-ils ? Qui sont leurs complices ? et bien sur l'inévitable que fait la police ?

Deux adolescents sont relâchés trois jours plus tard ; il s'agit des enfants de deux dirigeants des grandes entreprises des tours. A la libération, chacun déclare qu'il était seul enfermé dans un cellier obscur et les parents, heureux d'un dénouement si rapide, s'empressent d'avoir une pensée envers les otages encore détenus, dont plusieurs cadres importants des entreprises qu'ils dirigent. Pas question de rançon ni de contact avec les barbares. Ce sont des étrangers invisibles.

Ils se sont évanouis dans l'espace, laissant derrière eux le chaos de cette cité dévastée, tremblante, paranoïaque, tournée vers les tours et les ghettos alentour. Un sentiment de culpabilité collectif prend naissance et s'amplifie jour après jour, réminiscence des jours heureux et insouciants d'une richesse peut-être un peu trop ostentatoire. Aurait-elle suscité des convoitises ? Faut-il payer les rançons pour récupérer les siens ? Tout le monde s'interroge. Les parents des deux adolescents ont-ils réellement payé les millions d'euros réclamés par les barbares ?

Après la révolte et le désespoir, le silence s'installe ; et la suspicion. Tous les sinistrés ont facilement trouvé à se loger, ont été accueilli par la famille et les amis ou ont trouvé refuge dans les meilleurs hôtels près des tours. Ils ont solennellement demandé aux ministres venus leur rendre visite de tout mettre en œuvre pour arrêter ces barbares et libérer les otages. Ceci fut fait avec beaucoup de professionnalisme et de diligence quelques jours plus tard. Les 19 otages furent retrouvés dans une camionnette de location, sous le pont d'Iéna, sur les bords de la Seine, au pied de la tour Eiffel. Les barbares avaient gagné assez d'argent pour occuper leur nouveau territoire et devenir un peu moins étrangers..".
à suivre.

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